Qu’est-ce qui prouve que... ?

Publié le par LCR 06 OUEST

« Qu’est-ce qui prouve que Besancenot veut dépasser la matrice trotskiste ? »

 


Clémentine Autain réagit à l’initiative du porte-parole de la LCR de fédérer les courants anticapitalistes au sein d’un nouveau parti, le NPA.


Recueilli par Mathieu Ecoiffier pour LIBERATION.FR : jeudi 29 mai 2008.


Après une pause politique, Clémentine Autain, figure de la gauche antilibérale et ex-adjointe de Delanoë à Paris, sort du bois. Elle interpelle les initiateurs du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot dans une tribune aux cotés du philosophe Michel Onfray et de Luc Boltansky, publiée dans Le Monde daté de vendredi. Besancenot entend effectivement recréer, d’ici la fin de l’année, un nouveau parti sur les cendres de la LCR. Simple lifting ou véritable volonté de rééer un mouvement de rassemblement ? Clémentine Autain réclame des éclaircissements.


Pourquoi interpellez-vous les initiateurs du Nouveau parti anticapitaliste et craignez-vous un certain sectarisme de la part ?


Contrairement au PCF, aux Verts ou à la gauche des Verts, la LCR a le mérite de faire une proposition pour créer une force nouvelle. Beaucoup de gens se reconnaissent dans le discours public d’Olivier Besancenot, mais n’ont pas envie de rejoindre la LCR, même sous une forme relookée. Voilà pourquoi nous posons des questions politiques à la Ligue. Non pas dans un état d’esprit revanchard ou de défiance a priori. Mais pour obtenir une clarification sur ce que les initiateurs du NPA veulent vraiment faire.


Sur quels points demandez-vous une clarification ?


Olivier Besancenot appelle les héros du quotidien, ceux qui luttent dans les entreprises, à rejoindre le NPA. Mais qu’est-ce qui nous prouve qu’ils veulent réellement dépasser la matrice trotskiste ? Pourquoi ne cherchent-il pas activement à fédérer d’autres courants politiques. Pensent-ils détenir seuls les clés pout construire cette nouvelle force dont la gauche à besoin.


Que le NPA se dise « anticapitaliste » vous gêne ?


Qu’il s’affirme anticapitaliste, d’accord. Mais la question est surtout de savoir si cette nouvelle formation se fixera comme objectif de sortir de la contestation pour porter un projet politique transformateur, en positif. Et non pas un simple cahier de revendications.


Et quid de l’indépendance absolue vis-à-vis du PS ?


Dans les fondamentaux du NPA, il y a l’indépendance avec le parti socialiste. Ça nous va. A la condition de ne pas fermer le débat sur les formes et les conditions de cette indépendance. Nous posons ces questions car nous estimons qu’il y a des contradictions entre la parole publique et ce que nous connaissons de la tradition et des pratiques de la LCR.


Si le dialogue s’installe, seriez-vous prête à un rapprochement avec le NPA ?


Notre état d’esprit est constructif. La LCR a une part de responsabilité dans l’échec de la candidature unitaire antilibérale à la dernière présidentielle. Mais les torts sont partagés. Nous avons tenté de construire un rassemblement par des accords politiques entre des forces constituées. Ça n’a pas marché. Une nouvelle séquence politique s’ouvre. Compte tenu de l’écho rencontré par Olivier Besancenot dans l’opinion publique, les initiateurs du NPA ont une responsabilité particulière dans la période, à fermer ou à ouvrir. S’il fait l’impasse sur le mélange des traditions culturelles et politiques de gauche, si les militants communistes, écolos et ex-socialistes ne se retrouvent pas dans le NPA, cela ne marchera pas. Il est donc important de dialoguer avec eux.

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