NPA, nouvelle contribution des Alternatifs...

Publié le par LCR 06 OUEST

 

Ce texte est une contribution demandée pour le numéro spécial de Critique communiste spécial NPA.



Agir et changer ce monde


Etienne Adam, Pierre Cours-Salies, Laurent Lévy, Fernanda Marrucchelli, Gilles Monsillon

 

 

   
Des centaines de milliers de personnes, voire davantage, dans notre seul pays, sont à juste titre convaincues qu’il est nécessaire de trouver et mettre en acte un moyen de se rassembler et d’agir pour ne plus subir la domination du capital, du productivisme et des politiques discriminatoires (contre les immigrés, contre les femmes).

   
Des millions de personnes ne comprennent pas l’écart qui existe entre les forces de résistance, avec l’usure du pouvoir de Sarkozy, et l’impossibilité de mettre en œuvre  une alternative réelle à la politique de la droite et du patronat.

   
Des millions refusent que nous allions vers une nouvelle alternance, cette espèce de balançoire qui, de la droite au PS présente seulement des variantes politiques néolibérales.

   
Certes, il y a loin de la disponibilité de forces immenses à la construction d’un regroupement à la hauteur de cette disponibilité. Nous ne pouvons oublier, ni les uns ni les autres, le désaveu lors de la dernière présidentielle : les forces indépendantes à la gauche du PS ont perdu entre un million et demi et deux millions d’électeurs entre 2002 et 2007, alors qu’il y avait trois millions d’électeurs en plus. La somme des voix de LO et de la LCR, représente en 2007 une perte de 850.000 par rapport à 2002. Le score d’Olivier Besancenot traduit une polarisation autour d’une campagne, pas une progression des forces que nous devons rassembler. De même, si on veut être réaliste, il faut constater que la somme des électeurs des municipales reste plus limitée que ce que l’on peut croire : bien sûr, les scores de listes vraiment unitaires, souvent obtenus par des alliances entre LCR et collectifs pour une alternative au libéralisme, ont été plus élevés que les autres ; mais le taux d’abstention a été très élevé pour ce type de scrutin considéré jusqu'alors comme populaire.

   
Bref, mesurons l’attentisme, le relatif repli d’une grande partie de celles et ceux qui auraient voulu une force de gauche alternative, dans la foulée de la campagne européenne et après le 29 mai 2005. Notre incapacité commune à dégager des axes de transformation sociale et écologique de la société, et d’en faire une perspective forte et concrète, n’y est pas pour rien. Même si l’illusion institutionnelle de ce système a aussi joué son rôle: la volonté d’affirmer la LCR comme organisation faisait plus ou moins le pendant à une farouche volonté d’hégémonie d’une direction du PCF qui voulait instrumentaliser sur sa gauche et conserver ses liens avec ses vieux alliés.

   
Les luttes sociales vont rapidement nous placer dans la même situation paradoxale. Tant de discussions pour savoir comment réussir une mobilisation mettant la droite en échec, dans l’année qui suit l’élection du Président, c’est de l’ordre de l’exceptionnel. Chacun repense donc à un automne qui ressemblerait à celui de 1995. Il est vrai que, sans un très fort coup d’arrêt, créant un climat de crise politique, le programme de destruction des garanties sociales, de recul des droits du travail, de baisse réelle du pouvoir d’achat des salaires, de répression et de xénophobie …se poursuivra pendant quatre ans.

 


Un cadre permanent pour faire front

 

   
Nous sommes ainsi devant deux urgences inséparables bien que distinctes : l’urgence des luttes et l’urgence à constituer un instrument politique pour des changements profonds.. Oui, comme le dit par exemple l’appel de Politis, il faut « un cadre permanent  pour faire front ». Aucune force préconstituée ne peut rassembler autour d’elle seule. Cet enjeu ne se réduit pas à dire « non », car les mouvements sociaux sont porteurs d’exigences réelles, souvent de propositions qui sont autant d’éléments  pour une politique alternative. Donner confiance aux mouvements sociaux suppose que les forces d’une gauche de gauche, patiemment, montrent comment les mouvements sociaux dessinent une autre politique. C’est faire connaître et soutenir les solutions pour l’avenir des retraites, pour le contrat de travail et les droits des chômeurs, pour un secteur financier public, pour refuser la politique belliciste et l’OTAN, pour rejeter les directives de la honte contre les immigrés, pour changer les rapports Nord-Sud. Combien de domaines où les idées alternatives sont déjà présentes ! Un pacte d’unité d’action créerait le dialogue, entre elles et autour d’elles ; en marquerait les complémentarités et les cohérences. À y regarder de plus près, dans la grande majorité des cas, un front apparaît possible entre le FSU, Sud Solidaire, la CGT, de multiples associations et parfois d’autres syndicats. Cette force se consolidera et grandira si le débat public se développe. Avec un cadre unitaire assumant ses responsabilités, elle sera plus solide et deviendra une référence politique centrale. Inversement, ne pas chercher à lui donner une expression en commun serait la freiner et la démoraliser : au moins en partie, nous sommes ainsi, chacune de nos forces et ensemble, responsables de la force des mobilisations.

    
Il faut se rassembler. Comme y invitent bien des initiatives, notre proposition d’États généraux de la gauche de transformation sociale et écologique, ainsi que l’Appel lancé par Politis le 15 mai.  Au-delà des méfiances exprimées parfois lors de son lancement, dépassant les 10.000 signatures et donnant lieu à de multiples réunions locales, il peut être, en septembre-octobre prochain une occasion qui fasse apparaître un tel pacte, un engagement à une dynamique alternative à la droite et au patronat. Souhaitons que la réunion à la suite de cette initiative soit à la hauteur du besoin d’une unité fondée sur des engagements clairs. 

   
Certes, cela pose au moins deux questions tactiques qui nous rappellent de mauvais souvenirs. Le PCF voudra-t-il faire cavalier seul pour ainsi mieux prétendre à un rôle dirigeant dans la gauche et pouvoir passer des alliances sans principes? Le PS viendra-t-il faire semblant d’être dans l’action  pour se poser en futur gouvernement ? À la veille de son congrès, avec des propos divers, ce n’est pas exclu.

   
Mais un front politique contre les politiques néolibérales, s’il est ancré sur un engagement unitaire, saura soutenir les exigences des luttes comme de vraies solutions immédiates. Les expressions diverses du PS, dans son état actuel, contribuent à donner à comprendre au plus grand nombre où sont les véritables options politiques de refus de la droite, d’une gauche véritable ! Dès lors, une exigence se dessine, elle est d’ores et déjà devant nous, tant pour la coordination des collectifs que pour la LCR et pour celles et ceux qui lancent le NPA : voulons-nous dessiner, avec les mouvements sociaux, un autre possible ou pensons-nous que l’heure est encore à l’émiettement et à la construction, chacun pour soi, de plus ou moins grosses chapelles ?

   
Notre réponse est connue. Celle de la LCR mérite d’être précisée. Pour construire une nouvelle gauche, une nouvelle perspective, quelles exigences et propositions allons-nous soutenir ? Aligner les revendications ne suffirait pas. Il faut affaiblir la politique de droite tout en dessinant une autre politique que celle de la gestion d’une même logique à la sauce social-libérale. Mais cela suppose une affirmation publique, des polémiques avec la droite mais aussi des dirigeants du PS quand cela est nécessaire, des propositions… On peut avoir un appel à manifester sur ce qu’on rejette (par exemple au sujet du système de santé) tout en poursuivant les débats en faveur des solutions proposées par la gauche de gauche. Comment, sans cette démarche, agir durant des mois où le PCF et le PS auront leurs congrès ? Précisons même : cette démarche a manqué ces derniers mois et sera indispensable, en lien avec les mobilisations, pour que toutes celles et tous ceux qui hésitent à s’engager à nouveau politiquement franchissent le pas.

   
Cette première dimension de nos réponses, la construction de l’unité dans les luttes et pour une alternative portée par la solidarité et la démocratie, est-elle si loin de la question de la construction d’une force nouvelle ?

 


En quoi un parti peut-il être « nouveau » ?

 

 

   
Vu l’urgence pour faire face à la droite sans consolider le bipartisme dans lequel on voudrait nous enfermer, nous devons rappeler les options de nos Assises de décembre dernier et en préciser les avancées immédiates.


Nous précisions les axes de rupture avec les formes et la logique de la production capitaliste, tant sur le plan social qu’écologique. Et nous ajoutions : Sans une force suffisante les meilleures propositions ne pourront créer une dynamique politique majoritaire à gauche et dans le pays. Voilà pourquoi, malgré l’échec dramatique de l’unité lors des élections, nous ne devons pas et nous ne pouvons pas renoncer à l’objectif que s'étaient fixé les collectifs dès leur origine : le rassemblement durable de toutes les forces de la gauche de transformation sociale dans leur diversité pour déboucher sur une nouvelle force politique que la situation réclame.


Les formes de cette nouvelle force restent à définir : nouveau parti, rassemblement d’un nouveau type dans lequel cohabiteraient des regroupements différents, etc.
Cela reste à débattre.


Lors de ces Assises nous décidons de proposer à l’ensemble des forces concernées de préparer des États généraux de la gauche de transformation sociale afin de construire ce rassemblement. Il s'agit évidemment
 des réseaux, des milliers de militant-es des associations et des syndicats du mouvement social, des citoyen-nes non-encarté-es qui aspirent à la création d’un tel rassemblement, de toutes les forces du Non de gauche du 29 mai, des courants politiques, des partis politiques, qui aspirent à la création d'un tel rassemblement visant une alternative radicale au système dominant d'un capitalisme prédateur. Vue l’urgence politique, il est souhaitable que ces États généraux se réunissent en 2008 afin de lancer cette nouvelle force le plus rapidement possible.

 

   
Admettons que soit possible une réunion pour établir un cadre permanent en vue de faire front. Admettons qu’elle permette une suite dans l’action et pour les prochaines élections européennes. Rien n’empêchera les participants de décider, plus ou moins vite, de mettre en œuvre la constitution d’une force politique nouvelle. La question de la forme de cette force doit rester ouverte. Il ne s’agit pas d’une solution à une simple crise de la représentation politique. Cette dernière ne peut se réduire à la mauvaise qualité des représentants ou de leur programme mais plus profondément au refus d'une certaine forme de délégation, de hiérarchisation, de spécialisation du politique.

 

   
Essayons de dire comment cela serait possible alors que tant de militant-e-s ne veulent pas des formes traditionnelles des partis : prendre parti, oui, admettre la passivité, la délégation de pouvoir, accepter le combat avant tout électoral, non. Un engagement autour des grandes explications politiques, des grandes ruptures oui,  Bref, une force qui soutienne la multiplicité des expériences syndicales et associatives, qui en stimule la portée politique, locale, nationale, européenne, mondiale, oui.

   
Cela reste à inventer. Imaginons donc que plusieurs courants, - des divers communistes critiques aux alterékolos en passant par des autogestionnaires, les alternatifs, la LCR ou le parti qui viendrait à lui succéder-, s’accordent pour faire exister une telle force, à base de comités locaux, liés par de grandes options, des campagnes de lutte et d’explications décidées en commun. Un tel regroupement pourrait rester ouvert à toute autre force, parti, groupe voulant y trouver sa place.

 

   
Admettons que, dans les prochains mois, les courants de cette gauche de gauche, ensemble, sachent faire toute leur place à celles et ceux qui refusent les modes traditionnels de l’engagement : les formes de démocratie seraient avant tout à base de comités librement fédérés. Pratiquant ainsi de nouvelles formes de participation politique, ils seraient, au sein d’une organisation nouvelle, les garants de la participation multiple et de la convergence pouvant déboucher sur une fusion entre les courants, les pratiques et les expériences antérieures. Nous pouvons penser que cette perspective, si elle se concrétisait, attirerait des dizaines, voire des centaines de milliers de femmes et d’hommes qui veulent que ce monde change. Nous pensons que la volonté de lutte et d’unité de nombre de celles et ceux qui, à la LCR ou en dehors, participent à la création du NPA serait un gage de réussite d’un tel projet. Pourquoi ne pas en discuter comme d’une possibilité à laquelle nous tenons toutes et tous ?



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