"Le NPA, le mieux placé pour réunifier la gauche du PS".

Publié le par LCR 06 OUEST


 

interview de Vincent Tiberj par Alain Roux (le lundi 25 août 2008),
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions


L’élargissement de la base militante, notamment aux employés, aux précaires, permettra-t-il au futur NPA (Nouveau parti anti-capitaliste), qui doit voir le jour en janvier, d’afficher des positions différentes de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) et d’attirer de nouveaux électeurs ?

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S’il y avait une incidence entre la composition d’un parti et le vote, cela se saurait. Il n’y a qu’à voir la composition de l’Assemblée nationale. On voit monter une sorte d’élitisme social dans le choix du personnel politique. En 2002, seulement 2,5% des élus appartenaient à des catégories populaires. La question est plus générationnelle que sociale. Le PC (Parti communiste) et LO (Lutte ouvrière) récoltent les voix d’une génération vieillissante. L’électorat de la LCR et des Verts est plus jeune. Il s’agit de citoyens nés après 1971, dans une période post-matérialiste. Jusqu’aux élections de 2007, les voix qu’ils récoltaient étaient souvent celles de diplômés, urbains, issus des classes moyennes.


Olivier Besancenot estime qu’aujourd’hui, "ce qu’il leur faudrait, c’est une bonne vieille révolution". Est-ce de la pure communication ou est-il sérieux ? Par ailleurs a-t-il les capacités, à la manière des syndicats, d’organiser de grandes manifestations ?

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L’électorat en général, et celui de la LCR aussi, n’aspire pas à une révolution. Les électeurs de la LCR veulent une gauche à gauche, résister à la politique actuelle, ou envoyer un message au PS. Dans la population, les règles de l’économie de marché font consensus. En 2005, seulement 4 % des électeurs de gauche considéraient que ce ne serait "pas grave" de supprimer le droit de créer une entreprise. Olivier Besancenot lui-même parle des petits artisans qui en bavent. Dans ses discours, il vise généralement les grands groupes. En revanche, au sein de la population, les dérives de l’économie de marché et du libéralisme ne sont pas acceptées. Si tous les militants de la LCR et leurs sympathisants descendaient dans la rue, cela ne formerait pas une grande manifestation. Mais le parti sait s’associer aux autres mouvements, aux combats de toutes les gauches : OGM, pouvoir d’achat, etc. Ce qui n’est pas le cas de LO. La LCR n’impulse pas les mouvements mais les accompagne. Elle est rarement seule dans une manifestation. Olivier Besancenot appelle à un rassemblement contre la guerre en l’Afghanistan. Mais il est beaucoup plus difficile de mobiliser contre une politique extérieure, sauf quand elle met en cause de lourds enjeux, comme ce fut le cas lors de la guerre en Irak.


Ce nouveau parti peut-il concurrencer le Parti socialiste lors des prochains scrutins, notamment lors des élections européennes de juin 2009, et parvenir à unifier l’extrême gauche ?

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Le NPA est sûrement le mieux placé pour réunifier la gauche du PS. A la fois la gauche matérialiste, celle de LO et du PC, et la gauche sociétale, celle des Verts. Olivier Besancenot a acquis une notoriété et une grande sympathie. Ce n’est pas pour rien s’il est considéré comme le deuxième principal opposant à Nicolas Sarkozy, derrière Bertrand Delanoë. Il tire notamment sa force de son discours clair et structuré, qui contraste avec celui du PS. Cependant le NPA sera confronté à deux problèmes de croissance. Le premier concerne les modes de scrutin. Contrairement aux dernières élections européennes, le vote aura lieu au niveau de super régions et non au niveau des régions. Ce mode de scrutin diminue donc ses chances de gagner des élus. La LCR s’est heurtée à ce problème lors des dernières élections régionales de 2004. Alors qu’avec LO, elle avait réussi à gagner des sièges avec un scrutin proportionnel en 1998, elle a échoué en 2004 car il s’agissait d’élections en deux tours. Le deuxième problème auquel est confronté le NPA est celui d’exister au-delà d’Olivier Besancenot. Le parti doit être en capacité de faire émerger des leaders au niveau local. Il doit s’institutionnaliser.


par Vincent Tiberj, sociologue chargé de recherche au Cevipof (centre de recherche de Sciences Po).

Publié dans nouveau parti

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