Vie nationale de la LCR (4)...

Publié le par LCR 06 OUEST

Texte soumis au vote de la DN des 6 et 7 septembre


Sur le prochain congrès de la LCR.
Par Alain Faradji (BP), Robert (BP).


Vote de la DN : Pour : 12, Contre : 67


Par cette contribution, nous voudrions attirer l’attention sur une série de difficultés qui seront posées au congrès de la LCR. Le prochain congrès aura pour fonction de valider les choix faits par la direction majoritaire dans la conduite du processus de formation du NPA.

 


Ces choix ont été :

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De substituer à la perspective stratégique antérieure - d’un parti large devant concrétiser une recomposition politique modifiant les équilibres fondamentaux du mouvement ouvrier -, un projet de parti « large » par son recrutement, rompant avec la logique de recomposition au profit d’une construction « par en bas ». D’où un pluralisme du NPA qui est pour le moins étroit en terme de courants participant effectivement au processus (quelques groupes d’extrême gauche). Les camarades du NPA porteurs d’autres traditions politiques que la seule extrême gauche étant dans l’impossibilité tant politique que pratique de faire vivre réellement la singularité de leur participation du fait de leur individualisation dans un processus qui par définition en appelle davantage à l’engagement personnel qu’à la confrontation positive entre courants.

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De s’engager dans une « fuite en avant » et une accélération des rythmes (une quinzaine de mois entre l’annonce du projet et le congrès constituant), qui ont fait que le processus est devenu irréversible.


Plusieurs conséquences en résultent.

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Autant la perspective d’un nouveau parti rencontre un écho incontestable, autant le rassemblement de forces actuellement réalisé est marqué d’une grande fragilité. Une donnée que ne saurait compenser un enthousiasme affiché qui apparaît pour le moins excessif :10000 participants, chiffre officiellement revendiqué, ce n’est pas certes pas négligeable et nous avons tout lieu de nous féliciter collectivement de cet engouement, mais demande à être confirmé dans la durée. Par ailleurs il faudrait être assuré que tous les militants de la LCR seront effectivement impliqués dans le NPA, ce que rien ne permet d’assurer aujourd’hui.

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Il existe, encore à l’heure actuelle, de nombreuses et fortes inconnues politiques quant aux bases politiques, au potentiel militant, au périmètre politique et aux capacités d’intervention du nouveau parti.

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Les rapports entre militants LCR et non LCR au sein du NPA témoignent souvent de certains dangers. D’une part, une suspicion à l’égard de la LCR dont certains militants craignent qu’elle vise à assurer sa mainmise sur le nouveau parti. D’autre part, et visant souvent à déjouer cette crainte, une forme de paternalisme de la LCR à l’égard des non LCR. Un tel face à face donne aux militants organisés dans des groupes d’extrême gauche un poids supérieur à ce qu’ils représentent effectivement, et revient à atténuer, voire à cacher les contradictions et difficultés auxquelles tous sont confrontés.


Il est difficile d’anticiper ce que sera le congrès de fondation du NPA.


Le travail d’élaboration nécessaire sur le programme, l’orientation, les statuts va devoir se faire dans des délais très courts, avec peu d’échanges entre les collectifs, le CAN et la LCR, et en concurrence avec les tâches d’intervention politique dans une période décisive. Du coup la tentation va être forte de réduire a minima le contenu de ces divers textes. Par ailleurs, l’adhésion individuelle au NPA, et ce jusqu’à son congrès, l’élection des délégués dans les collectifs tels qu’ils sont et les limites de leurs débats font que nul ne peut dire ce que sera politiquement le congrès qui va décider du futur parti.


Dans la perspective des congrès de dissolution de la LCR et de fondation du NPA, une clarification apparaît décisive. Il faut distinguer :

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ce qui relève des décisions des seuls militants de la LCR en tant que collectif militant, qui doivent être prises dans le cadre d’un congrès pleinement souverain,

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et les décisions qui relèveront du NPA, dont on sait qu’elles seront marquées d’un caractère aléatoire, et éventuellement provisoire, compte tenu de la nature même du processus de constitution de ce parti.


Ne pas opérer cette distinction nettement, c’est soit accepter en même temps que la dissolution organisationnelle de la LCR la dissolution de son capital politique, soit entretenir l’illusion que le futur parti pourrait être à la fois indépendant de la LCR, pluraliste, et s’inscrire dans un cadre prédéfini fixé par tout ou partie de la LCR… Dans les deux cas on fait peser une double menace sur le NPA : celle d’un dessaisissement politique des militants de la LCR, amenant certains d’entre eux à se désengager par rapport au futur parti, et celle de la perception par les futurs militants du NPA d’être manipulés par une LCR qui se maintient de facto et leur impose ses volontés.

Deux exemples pour illustrer ce que doit être la distinction proposée :

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 En ce qui concerne le lien à la IVè Internationale, c’est aux militants de la LCR d’expliquer qu’ils décident de rester membres de la IV et à cette fin constitue une association (à laquelle tout militant du NPA sera libre d’adhérer), qui ne sera pas une fraction intervenant au sein du NPA, mais en toute transparence la concrétisation du lien maintenu entre eux et la IV (voire texte spécifique).

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 En ce qui concerne le patrimoine de la LCR : la LCR va mettre tous ses moyens à disposition du NPA, qui décidera de l’utilisation qu’il en fait. Mais la propriété juridique de ces moyens ne saurait, pour l’instant, être dissoute dans la nouvelle organisation dont nul ne peut dire ce qu’elle est appelée à devenir. Il ne s’agit pas d’un problème technique (« comment préserver la subvention de l’Etat aux partis ? ») mais politique.


La LCR va vers la fondation d’un NPA. Reste à expliciter ce que sont les conditions à réunir pour que la dissolution de la LCR ne se solde pas par la disparition pure et simple du capital politique et militant que représente la LCR mais par son réinvestissement dans une formation plus large.


Pour décider de la dissolution de la LCR les militants doivent être assurés de quatre données :

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 Le programme du NPA ne sera pas achevé, mais il ne peut se limiter à être borné par des références minima (l’indépendance par rapport au PS), ou inversement imposer une définition maximum (le NPA parti révolutionnaire), il doit être défini par quelques principes fondamentaux clairement assumés : un parti d’indépendance de classe, qui se revendique de la lutte de classe et refuse toute forme de collaboration de classe, qui se revendique du féminisme, de l’internationalisme, de l’antiracisme et d’un modède de développement antiproductiviste, qui se fixe pour objectif l’émancipation humaine et un socialisme pleinement démocratique.

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 La démocratie au sein du NPA, qui est plus que la liberté d’expression et la transparence des débats : dès sa constitution le NPA doit affirmer le droit de tendance et de fraction en son sein. Pour que l’engagement de tous et toutes soit possible, on ne peut se contenter de régir la vie intérieure du nouveau parti à partir d’un simple règlement intérieur. Il est nécessaire dès le congrès de fondation que le « vivre ensemble » soit garanti par de vrais statuts. Il ne s’agit pas de figer définitivement le fonctionnement du NPA, ces statuts devront seront sans doute appelés à être révisés par la suite sur la base de l’expérience commune mais ils sont nécessaires tant il s’agit là d’une question politique au même titre que les autres et pas d’un simple point de gestion.

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 La relation à la IVè Internationale : le NPA ne saurait être section de la IV, en son sein vont coexister des conceptions différentes quant aux possibles relations organisationnelles au niveau international, pour leur part les militants de la LCR seront organisés en une association leur permettant de faire vivre leur appartenance à la IV.

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 En ce qui concerne le patrimoine de la LCR, il nous semble que la formule la plus adaptée serait une association indépendante, représentative des réalités historiques et politiques de la LCR, à qui serait confiée la propriété de ce patrimoine sous des formes juridiques à préciser.


Il est proposé que pour des raisons financières les deux congrès de dissolution de la LCR et de fondation du NPA soient couplés. Il s’agit d’un couplage temporel (succession des deux congrès au cours des mêmes journées de janvier), non d’un couplage politique (puisqu’il y aura des délégués LCR au congrès de la LCR, et d’autres délégués, LCR et non LCR, au congrès du NPA). Les conditions qui demandent à être remplies pour que la dissolution de la LCR apparaisse légitime, ne sont ni formelles (sur le mode : « on a un accord de principe et pour le détail on verra plus tard, il faut faire confiance… »), ni assurées par un congrès du NPA dont on ne peut anticiper ce que seront ses décisions. Donc la raison veut que la décision finale de dissolution de la LCR soit prise définitivement, non pas avant le congrès de constitution du NPA, mais après ce dernier. Des camarades peuvent craindre que cet ordre soit perçu par certains membres non LCR du NPA comme une pression, voire un chantage. Outre que l’argument est réversible : ce pourrait être une pression, voire un chantage, d’exiger de la LCR qu’elle se dissolve avant la fondation du nouveau parti (pour inviter à acheter un chat en sac !), il ne doit pas être difficile de convaincre que la LCR qui joue sa propre identité dans cette opération, ce qu’elle est la seule à faire, ne peut le faire dans sa totalité que si le processus se déroule dans cette totale clarté.

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