Travail du dimanche, atteinte au droit du travail...

Publié le par LCR 06 OUEST

Deuxième recul pour le gouvernement, même si des régressions persistent, la proposition de loi sur le travail du dimanche a été en grande partie vidée de son contenu.


Nicolas Sarkozy tente de désamorcer les sujets de conflit. Après l’Éducation, il a lâché du lest sur la proposition de loi du député UMP Richard Mallié réglementant l’ouverture des magasins le dimanche. Mardi 16 décembre, un compromis semblait trouvé avec sa majorité, dont une partie prenait la défense du petit patronat fasse à la grande distribution. La notion de « zones d’attractivité commerciale exceptionnelle » (villes de plus d’un million d’habitants) disparaît : Paris, Marseille, Lyon et Lille ne dérogeront donc pas à la règle du repos dominical. En revanche, les magasins des zones touristiques, qui seront élargies, entre autres, aux Grands-Boulevards et aux Champs-Élysées, ainsi que ceux situés à Lille (parce que ville frontalière de plus d’un million d’habitants) pourront ouvrir tous les dimanches. Les centres commerciaux qui ouvrent illégalement le dimanche – Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône), Thiais Village (Val-de-Marne) – s’y verront désormais autorisés. Enfin, dans toute la France, l’ouverture dominicale des magasins sera autorisée dix fois par an (contre cinq actuellement).


Cette nouvelle attaque est présentée comme une nouvelle liberté pour les salariés. Mais quelle est la liberté d’une mère célibataire élevant deux enfants ? Ou celle d’un employé dont la compagne, ouvrière dans le secteur automobile, se retrouve au chômage technique pendant un mois ? Selon certaines enquêtes, à peine un quart des salariés travaillant le dimanche l’ont réellement choisi. Et l’offensive du patronat s’accentue : en plus des ouvertures du dimanche, les horaires de fermeture reculent, de 20 heures 22 heures.


Mais cette proposition de loi s’insère dans une stratégie globale de remise en cause de la durée légale du travail. C’est pour cette raison que Sarkozy y tient tellement. En banalisant le dimanche, finie la gestion des repos compensateurs et des demandes administratives. Il deviendra possible d’organiser et d’ajuster la main-d’œuvre à flux tendu, en fonction des périodes de l’année. Le patronat et le gouvernement utilisent toujours la même stratégie : avancer pas à pas. Alors, comme cela s’est produit en Italie par exemple, tous les prétendus avantages annoncés aujourd’hui disparaîtront. Pourquoi payer double une journée de travail normale ?


Au-delà, cela participe de la marchandisation permanente de tous les aspects de notre vie quotidienne. Dans les centres commerciaux hypermodernes, il ne s’agit plus seulement d’aller faire des courses, mais de vivre une expérience à part entière. Les experts du marketing parlent, par exemple, de « shopping plaisir ». Dans un lieu surveillé en permanence par des vigiles et des caméras, tous nos faits et gestes sont observés pour trouver le moyen de faire toujours plus de profits. Les magasins deviennent, petit à petit, les seuls lieux de loisir et de détente.


Pourtant, nous ne sommes pas uniquement voués à produire d’un côté et à consommer de l’autre. Nous ne pouvons pas nous contenter de défendre le dimanche comme jour de repos : il nous faut reprendre la bataille de la réduction du temps de travail. Cette bataille, c’est celle du temps libre, des loisirs, des échanges entre amis, de la grasse matinée ou des longues balades en forêt. Cette bataille, c’est celle du droit à la paresse.

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