Mexique : Marcos, Calderon et Obama...

Publié le par LCR 06 OUEST

Mexique :
le sous-commandant Marcos critique
les présidents Calderon et Obama



 

SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS (Mexique).

Le sous-commandant Marcos, chef de la rébellion mexicaine de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), a critiqué à la fois vendredi le président conservateur mexicain Felipe Calderon et le président élu américain, le démocrate Barack Obama.

Il a reproché à M. Calderon de mener sa lutte contre les cartels de la drogue en s’appuyant sur "une bande" pour "faire la guerre à une autre bande", et à M. Obama "d’approuver l’usage de la force" contre le peuple palestinien.

Le sous-commandant s’exprimait, devant quelque 2.500 sympathisants, lors de la première soirée du "Premier festival mondial de la digne rage", organisé pour le 15e anniversaire de sa rébellion "zapatiste" dans le Chiapas, région pauvre du sud-est du Mexique.


"Dans le combat contre le narcotrafic, Calderon, soutenu par une bande, a entamé la guerre contre une autre bande (...) et violé la Constitution en envoyant l’armée faire un travail de police", a-t-il déclaré, dans sa première allocution publique depuis un an.


Le Mexique a enregistré, en 2008, 5.376 homicides attribués aux cartels, selon les chiffres officiels.

Depuis sa prise de fonctions fin 2006, le gouvernement du président Calderon a déployé plus de 36.000 militaires et policiers à travers le pays dans sa lutte contre le "crime organisé", érigée en priorité nationale.


L’offensive gouvernementale n’a pas empêché la multiplication des meurtres, mais plusieurs responsables du trafic ont été appréhendés ces derniers mois. Tout comme des dirigeants des services de police, dans une opération "mains propres" déclenchée en juillet et qui a notamment abouti à l’arrestation de l’ancien directeur du Service fédéral des enquêtes spécialisées dans le crime organisé (Siedo).


"Calderon a promis d’employer toute la force de l’Etat contre le crime organisé, mais il est évident que c’est le crime organisé qui dirige la force de l’Etat", a ironisé le sous-commandant.


Quant à M. Obama, "ceux qui l’ont pris pour un phare" seront déçus, car ce président élu démocrate "soutient aussi l’emploi de la force" contre le peuple palestinien, a-t-il ajouté.


Le sous-commandant est resté fidèle à son style riche en métaphores pour se moquer des divisions de la gauche mexicaine. Il a raillé aussi le maire de gauche de Mexico, Marcelo Ebrard, qui a installé la plus grande patinoire au monde sur la place centrale de la capitale pour les fêtes de fin d’année.


Cagoulé comme il s’est toujours montré en public, il avait ouvert dans la matinée ce "Premier festival mondial de la digne rage" dans les locaux de l’Université de la Terre, un centre culturel à San Cristobal de Las Casas, le village d’où est partie la guérilla qui a cessé le combat armé en 1995.


Il était entouré de responsables politiques et sociaux et militants de l’anti-capitalisme d’une vingtaine de pays. Le Français Olivier Besancenot, ex-candidat présidentiel sous les couleurs de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, extrême gauche), a annoncé sa participation.


Le 1er janvier 1994, l’EZLN, mouvement d’insurrection amérindien, avait lancé un soulèvement armé au Chiapas, l’Etat le plus pauvre du pays, le jour même de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.


Depuis, les forces de l’ordre mexicaines —armée et police— sont tenues à l’écart des municipalités totalement administrées par les Zapatistes dans cette région montagneuse.

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